REVUE DE PRESSE #2


Chronique de Bob Garcia sur le site de TSF Jazz
(pour ceux qui veulent vérifier)


Drôle de titre pour un polar déjanté à souhait.

Pour les initiés, Taxi Take Off Landing, ou TTL, désigne en aviation commerciale les phases du vol de décollage, roulage et d’atterrissage où une réglementation plus stricte s’impose. Par exemple: la ceinture de sécurité doit être bouclée, la tablette et le dossier relevés, etc.

Comme de fait, ce récit débute dans un aéroport… Et l’auteur qualifie son récit de « roman aérien »…

La présentation de l’éditeur :

« Hector Malbarr est un homme moyen en tout, pleutre à souhait, minable dans le maniement des langues étrangères et des armes. Son existence explose dans le VIP Lounge de l’aéroport de Copenhague. Une bombe prénommée Angie - une de ces femmes qui n’existent qu’en maillot de bain dans les magazines - vient lui annoncer leur mariage prochain, dans une île paradisiaque et perdue, de l’autre coté du monde. Certes, Hector ne connaît pas cette femme. Certes, il doit se marier dans les jours prochains, mais pas avec celle-là. À bien y regarder… entre sa promise et la nouvelle, il y a une bonne vingtaine de kilos de différence, un doux parfum d’interdit et l’assurance quasi certaine d’une aventure érotique à se démettre un rein.

Hector se lève donc et la suit. »

Après cette entrée en matière plutôt étonnante, le héros (il serait plus juste de dire le zéro) traverse les péripéties les plus improbables, sans ne jamais s’étonner de rien.

Il découvre que son passeport porte désormais le nom douteux de « Jean Bond » ; que sa nouvelle promise a un comportement plus que bizarre ; que le père de cette dernière l’est encore plus. Mais il en faudrait un peu plus pour inquiéter ce Malbarr.

Sébastien Gendron manie un humour très personnel, toujours en finesses, en allusions, en sous entendus. Il multiplie les clins d’œil au cinéma et à la bédé. James Bond (contre docteur No) n’est pas loin. Rastapopoulos et l’île de Vol 714 pour Sydney non plus…

« Nous atterrissons sur un minuscule îlet autour duquel nous avons tourné quatre fois avant de trouver le bon vent. La piste doit équivaloir approximativement à la surface de trois biscottes serrées l’une contre l’autre et je suis content d’avoir précédemment régurgité. Quand la porte s’ouvre et que nous sommes toujours en vie, au lieu de se tourner vers moi et de me sourire parce qu’elle va devenir ma femme, Angie se lève et sort la première, n’offrant à mon regard que son derrière, ce qui, tout vexant que ça puisse paraître, n’est pas vraiment une punition. »

Les situations cocasses et les plans foireux succèdent aux événements improbables. Le casting est à la « hauteur ». Malbarr – alias Jean Bond - est une synthèse de Belmondo dans L’as des as et de Pierre Richard dans Le Grand blond. Un tel (z)héro est capable du plus mauvais comme du pire, et il le prouve. Le Dr Taburiax n’a rien à envier à No et Rastapopoulos réunis. Angie est belle comme Ursula Andress et caractérielle à souhait. Les pirates (il en faut), conduits par le clonedalcazardisant Ramirez, sont affreux, sales et méchants : « Je devine la troupe de Ramirez aux chevelures longues et sales de ses soldats, à leurs bras ou torses nus, bronzés et lardés de tatouages à la gloire de leurs génitrices, à leurs brames de yaks et la façon qu’ils ont de filer des baffes quand ils tiennent un ennemi. »

Il fallait oser un tel roman. Je n’en n’ai pas rêvé, mais Sébastien Gendron l’a fait quand même. Et c’est tant mieux. Ce bref roman de 210 pages est un authentique moment de détente et de rire. Pas de message ni de « prise de tête » ici. Juste le plaisir de délirer et de s’amuser. Il y a un côté rassurant à savoir que d’autres se sacrifient à fumer leur moquette pour commettre cette indispensable littérature.

Quand on sait que l’auteur a déjà signé « Mort à Denise » aux Editions Baleine (il avait déjà passablement attaqué sa moquette à cette occasion) et que le présent ouvrage est dirigé par Stéfanie Delestré (co-auteure de l’excellent Dictionnaire des personnages populaires de la littérature des XIXe et XXe siècle), il n’y a plus à hésiter, on peut investir 15 euros dans ce roman !